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Adage d'hiver

humeur du 04/01/2013

Adage d'hiver

« Un rhume dure une semaine sans soins et 7 jours avec soins ». Les adages sont le vif argent de la sagesse populaire. Dans le cas du rhume, alias coryza, rhinopharyngite ou rhinite, l’adage n’est pas très sage.
En effet, il est beaucoup plus dangereux de soigner un rhume que de s’en abstenir. Tous les traitements par voie nasale ou buccale présentent un rapport bénéfice/risque très défavorable.

Il convient de rappeler qu’au décours d’un rhume, l’épaississement du mucus est normal ainsi que sa couleur jaunâtre ou verdâtre qui n’est pas un signe d’infection.
L’oreille rouge est également normale chez l’enfant, comme les douleurs sinusiennes chez l’adulte. Rien de tout cela ne nécessite un traitement pour surinfection auto-proclamée. Quant à la toux, sa persistance pendant plusieurs semaines fait partie de l’évolution normale de cette pathologie hivernale qui touche chaque adulte sain en moyenne une à deux fois par an, contre deux à six fois pour un enfant sain.
Cela peut sembler parfois trop. Alors pourquoi se priver de médicaments pour atténuer les symptômes gênants ? L’idée me paraît bonne. Hélas la science exacte (s’il en est) confirme deux types de faits. La plupart des médicaments utilisés ne sont pas plus efficaces que les placebos et la grande majorité d’entre eux ont des effets secondaires particulièrement dangereux.

Aucun sirop antitussif, antihistaminique, expectorant ou mucolytique n’a jamais démontré une action supérieure à une cuiller de miel donnée par une main amie. C’est ainsi. Par contre, de nombreux antitussifs et antihistaminiques provoquent des accidents cardio-vasculaires, troubles de la conscience, convulsions, et autres misères bien moins rares que l’on ne voudrait le croire.

Savez-vous que la généralisation de l’excellent vaccin contre la méningite C sauverait à peine plus de vies d’enfants en France que l’arrêt total des médicaments du rhume ?

La palme revient aux vaso-constricteurs dérivés de l’éphédrine utilisés par voie nasale. Le bref soulagement qu’ils procurent se paie souvent au prix fort. Aux accidents précédemment cités, il faut ajouter la rétention urinaire aiguë sur adénome de la prostate, et la dépendance à vie avec destruction de la muqueuse nasale.

La question est : pourquoi ces vasoconstricteurs nasaux sont-ils en vente libre ? Il n’y a pas de réponse intelligente à cette question, comme à toutes les questions autour de l’articulation entre la santé et le marché.
Cependant, il y a un espoir, car la commission nationale de pharmacovigilance vient de se prononcer en faveur de l’inscription de ces médicaments sur la liste des produits à prescription obligatoire. Attendons l’application éventuelle de cette recommandation.
Dans cette attente, en cas de rhume, l’adage populaire est trop timide, il faut absolument éviter le médecin et le pharmacien. Sauf ceux qui se contentent du sérum physiologique et du paracétamol comme médiateurs de soins pour leurs patients les plus réticents à l’abstention totale.

Bibliographie

LRP
Vasoconstricteurs, intoxications d'enfants
Prescrire, janvier 2013, T 33, N° 351, p 25

La Revue Prescrire (LRP)
Médicaments de la toux et du rhume, des effets indésirables trop graves face à des troubles bénins
Prescrire, octobre 2009, tome 29, N° 312, p 751-752

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