lucperino.com

Sport et chimie

humeur du 15/12/2022

Commençons par un truisme : le sport est bon pour la santé

Soyons plus précis : L’exercice physique régulier et modéré, par exemple une heure de marche par jour, est excellent pour la santé physique et mentale.

Soyons maintenant plus documentés : dans l’immense majorité des troubles et maladies de l’Occident, les bénéfices de l’activité physique sont largement supérieurs à l’action de tous les médicaments. Les études et publications qui le prouvent sont innombrables et l’on peut même se demander pourquoi il faut faire des études pour confirmer une évidence millénaire.

Terminons par une assertion plus péremptoire et moins attendue : cette supériorité de l’activité physique ne concerne pas seulement le diabète, l’hypertension ou l’obésité, comme cela est déjà admis, mais aussi la dépression, les cancers, l’insuffisance cardiaque, les infarctus, l’asthme, l’insomnie, les maladies auto-immunes, la trisomie 21, la maladie bipolaire, les douleurs chroniques et tant d’autres que l’académie n’ose même pas mentionner par crainte de sabrer la pharmacologie.

Cependant, la plus grave des maladies de l’Occident est la démesure. Après avoir de nouveau admis consensuellement la supériorité de l’exercice physique sur toutes les thérapies antiques et modernes, on s’attendait à revoir les piétons envahir les rues et chemins et la rouille corroder les ascenseurs et escalators. Il n’en a rien été, le marché du muscle a masqué l’intérêt d’aller vider la poubelle par l’escalier, d’aller à pied à la boulangerie ou à l’école, et à vélo au travail. Car chaque menace sur un marché se traduit par la création de marchés compensatoires ou collatéraux. Les menaces sur le tabac ont créé le marché des patchs et des vapoteuses, probablement aussi toxiques, sans pour autant affaiblir les cigarettiers. De la même façon, les menaces sur la pharmacologie de la sédentarité ont créé le marché du muscle avec ses multiples salles de fitness, parfois accessibles par ascenseur depuis un parking souterrain. Les villages ont créé des parcours de santé parsemés d’agrès tôt abandonnés et aussitôt vétustes, au lieu de débroussailler leurs chemins communaux. On a vendu de magnifiques tenues de sport fluorées et des chaussures qu’il suffit d’enfiler pour avoir déjà la sensation de courir.

L’organisation de compétitions est devenue très lucrative. On en a programmé de saugrenues et dramatiques, ironman, ultra trail du Mont Blanc ou marathon des sables, conduisant à des convulsions, déshydratations ou hypertrophies cardiaques amputant la quantité de vie.

Le pire est le dopage que les professionnels paient par le piteux état de leurs vieux jours, mais qui concerne aussi, voire davantage, les amateurs, car l’idée de compétition devient vite obsessionnelle dans un monde où rien n’est gratuit. 

Avec la déraison, la chimie finit toujours par gagner.

Bibliographie

Carmody S, Anemaat K, Massey A, Kerkhoffs G, Gouttebarge V
Health conditions among retired professional footballers: a scoping review
BMJ Open Sport Exerc Med. 2022 Apr 22;8(2):e001196
DOI : 10.1136/bmjsem-2021-001196

Dominique Thibaud
Tous dopés ! Les amateurs encore plus que les professionnels !
JIM - 25 juillet 2013. D'après le rapport de la commission du sénat

Gouttebarge V, Frings-Dresen MH, Sluiter JK
Mental and psychosocial health among current and former professional footballers
Occup Med (Lond). 2015 Apr;65(3):190-6
DOI : 10.1093/occmed/kqu202

Selden MA, Helzberg JH, Waeckerle JF
Early cardiovascular mortality in professional football players: fact or fiction ?
Am J Med. 2009 Sep;122(9):811-4
DOI : 10.1016/j.amjmed.2009.03.027

Stéphane Mandard
Le tour de France nuit gravement à la santé
Le Monde, 18 juin 2009

Stéphane Mandard
Dopage : Le danger de mort
Le Monde, 30 sept 2006

Profil de nos 5000 abonnés

Par catégorie professionnelle
Médecins 27%
Professions de santé 33%
Sciences de la vie et de la terre 8%
Sciences humaines et sociales 12%
Autres sciences et techniques 4%
Administration, services et tertiaires 11%
Economie, commerce, industrie 1%
Médias et communication 3%
Art et artisanat 1%
Par tranches d'âge
Plus de 70 ans 14%
de 50 à 70 ans 53%
de 30 à 50 ans 29%
moins de 30 ans  4%
Par motivation
Patients 5%
Proche ou association de patients 3%
Thèse ou études en cours 4%
Intérêt professionnel 65%
Simple curiosité 23%

Vous aimerez aussi ces humeurs...

Merci aux normopathes et aux nosophobes - La normopathie se définit comme le trait d’une personnalité qui se conforme aux normes [...]

Choisir son catastrophisme - Les bouleversements écologiques qui nous sont rabâchés sont assurément le résultat de [...]

Sous-diagnostic - Aujourd’hui, il n’est plus possible de lire un article traitant d’un sujet médical sans [...]

Poudre de corne aux yeux - Dans le Zaïre des années 1970, le commerce de la « poudre de taureau » était florissant. [...]

Lorsque tropique - Le paludisme a disparu de Camargue et de Corse dans les années 1950. Aujourd’hui, les rares [...]

La phrase biomédicale aléatoire

Je ne mets guère d'espoir dans une bioéthique plaquée a posteriori sur une médecine constituée avant toute réflexion sur le fond, comme ces saupoudrages démocratiques dont on tente de décorer les régimes totalitaires.
― Alain Froment

Haut de page